Les techniques pour pêcher le brochet, le doré et l’achigan à petite bouche
4 juin 2021
Par Steve Goupil, ambassadeur du Club APRIL Marine et pêcheur professionnel
Au fil des années, j’ai appris plusieurs techniques pour pêcher les poissons d’eau douce favoris du Québec. Je vous en dévoile quelques-unes pour vous aider à capturer le brochet, le doré et l’achigan à petite bouche.
Brochet : le secret du moulinet
Une des techniques classiques est l’utilisation d’un Spinnerbait. Ce leurre convient très bien à la pêche au lancer et a fait ses preuves depuis plusieurs années.
Il en existe deux types : ceux avec des cuillères Colorado et ceux avec des cuillères feuilles de saule. Je n’ai pas de préférence entre les deux. Toutefois, d’une journée à l’autre, leur efficacité peut changer. Il est recommandé d’avoir un exemplaire de chacun d’eux dans votre coffre.
Pour que votre Spinnerbait soit plus attrayant, je vous suggère d’insérer sur l’hameçon un poisson nageur souple à queue ronde (Swimbait) ou un Grub. Cette petite modification rend le profil du leurre plus gros, plus vivant, donc plus efficace.
Une autre méthode que j’apprécie particulièrement pour cette espèce est la pêche au Swimbait monté sur un hameçon Texas plombé. Ce montage vous permet de pêcher dans la végétation puisqu’il est antiherbe. Le Berkley Ripple Shad de 4 ou 5 pouces est un excellent leurre pour cette technique.
Une autre façon de pêcher cette espèce est d’utiliser des cuillères tournantes de type Mepps Musky Killer, puisqu’elles sont productives et permettent de capturer de gros poissons.
Pour ces trois techniques, il suffit de lancer et de récupérer les leurres en bordure des herbiers et dans les baies peu profondes, endroits qu’affectionnent particulièrement les brochets. Le secret réside dans l’ajustement de la vitesse de récupération au moulinet en fonction du niveau d’activité de ce prédateur. De plus, les changements de vitesse (lent, rapide, saccadé) peuvent déclencher de féroces attaques du carnassier.
Quel matériel?
Pour la canne à pêche, je vous suggère d’en choisir une d’environ 7 pieds, de puissance medium à medium-lourde, avec une action modérée. Celle-ci permet un meilleur taux de ferrage lorsqu’elle est utilisée avec des leurres de réaction.
Pour le fil, je vous conseille de la tresse de 15 lb pour un moulinet de lancer léger et de 40 lb pour un lancer lourd. Bien que ce poisson ait des dents très coupantes, je préfère me servir d’un avançon de fluorocarbone d’un diamètre similaire à la ligne principale, plutôt qu’un en acier. Ce dernier étant très visible sous l’eau, il peut décourager les gros brochets plus méfiants. À l’inverse, le fluorocarbone est invisible sous l’eau et résiste à l’abrasion.
Je vous invite à consulter mon article du PLAISANCE Mag (hiver 2020) pour en apprendre davantage sur les différents types de fils et leurs utilités.
Nonobstant toutes ces astuces, il est nécessaire de pêcher aux bons endroits puisqu’en moyenne, moins de 20 % de la superficie d’un plan d’eau contient des poissons.
Doré : la finesse du Drop Shot
La plupart des pêcheurs de dorés préconisent les techniques suivantes : la traîne avec des poissons nageurs, le marcheur de fond avec un harnais et la dandinette verticale. Pour ma part, j’aime faire de la traîne avec des poissons nageurs afin de couvrir du terrain. Lorsque je repère des dorés, je préfère les capturer avec finesse au Drop Shot.
Pour la traîne, j’utilise des Berkley Flicker Shad pour pêcher dans des profondeurs de 7 à 14 pieds. Lorsque je travaille dans des zones de 15 pieds et plus, je me sers de la gamme Deep Diver de Rapala.
Pour améliorer vos chances : avoir une vitesse de traîne lente, c’est-à-dire entre 1 mph et 1,75 mph, adaptez la longueur de votre fil selon la profondeur à laquelle vous pêchez et choisissez la grosseur adéquate de la bavette de votre poisson nageur.
Comme les dorés ont le ventre collé au fond la plupart du temps lorsqu’ils s’alimentent, il est important que la bavette soit en contact avec le fond. Encore une fois, il est judicieux d’utiliser une canne d’action modérée pour faire de la traîne afin d’augmenter les chances de succès au ferrage.
Donner vie au leurre
Le Drop Shot est la technique que je préfère. Celle-ci permet de déjouer les dorés les plus difficiles lorsque la pêche est lente. Le montage consiste en un hameçon Finesse Wide Gap ou à Drop Shot de grosseur 2/0 attaché avec un nœud Palomar et un plomb cloche fixé de 12 à 24 pouces plus bas. Vous pouvez y accrocher plusieurs types de leurres souples.
Toutefois, les imitations de menés à queue fourchue sont souvent les plus productives pour le doré. Les Berkley Flatnose Minnow et le Northland Impule Smelt Minnow sont d’excellents choix.
La clé du succès est de toujours garder votre plomb en contact avec le fond tout en ayant votre fil tendu, et d’adapter le poids de votre plomb en fonction du courant et de la profondeur. Il faut aussi pêcher en douceur. Souvent, un faible courant peut suffire à faire remuer un leurre souple. Si ce n’est pas le cas, donnez de très petits coups de poignet afin d’agiter délicatement le bout de votre canne. Ce mouvement subtil donne vie à votre leurre.
La puissance et l’action de la canne à Drop Shot sont importantes. Je vous en recommande une d’environ 7 pieds de puissance medium-légère, avec action rapide ou extrarapide. Cette dernière vous permettra de garder facilement un contact avec le fond et de bien sentir les touches les plus délicates.
Comme n’importe quelle technique de finesse, il faut utiliser du fil tressé de petit diamètre (8 à 10 lb), combiné à un avançon de fluorocarbone de taille similaire pour bien percevoir les touches et rester invisible sous l’eau. Cette technique a également fait ses preuves pour la pêche à l’achigan à petite bouche en eaux profondes ou peu profondes.
Achigan à petite bouche : petit mais costaud
Il existe mille et une façons de pêcher l’achigan. La vaillance au combat de ce poisson d’eau douce en fait mon favori. De toutes les techniques, les suivantes m’apportent du succès sur une base régulière.
Premièrement, vous pouvez utiliser la technique Wacky.
Cet assemblage requiert un ver souple de 5 pouces, communément appelé « Senko » dans le jargon de la pêche. Il est piqué au centre avec un hameçon Finesse Wide Gap. Vous pouvez également fixer un o-ring au milieu du Senko (avec l’outil prévu à cet effet) et y passer votre hameçon. De cette façon, votre leurre durera plus longtemps avant de se déchirer. Ce montage peut avoir l’air ridicule, mais il est pourtant très efficace.
Simple et naturel
Cette technique de pêche est relativement simple : vous n’avez qu’à lancer le leurre dans une zone propice à l’achigan, à le laisser tomber doucement au fond et à patienter quelques instants. L’action du Senko monté Wacky est conçue pour travailler naturellement en chute libre dans la colonne d’eau. Lorsque vous avez une touche, il est préférable d’attendre quelques secondes, le moulinet ouvert, avant de récupérer l’excédent de fil et de procéder au ferrage. De cette façon, l’achigan aura le temps de bien avaler votre leurre.
Pour cette technique, il est recommandé d’utiliser une canne de 6,6 pieds de puissance medium, avec une action rapide ou extrarapide. Cette canne plus courte et plus raide vous permettra de lancer facilement ce léger montage. Vous pourrez même réussir, avec de l’entraînement, des lancers de précision aux abords des quais et sous les arbres qui surplombent l’eau. Les achigans vont souvent se réfugier sous ces structures pour se cacher de la lumière et attraper leurs proies. Le leurre Spike de la compagnie Set The Hook est un excellent choix.
Le Tube est un classique de la pêche à l’achigan à petite bouche, puisque ce poisson en raffole. Ce leurre a deux composantes : le tube en plastique souple et la tête plombée spécialement adaptée. Celle-ci s’insère parfaitement à l’intérieur de la cavité du tube.
Cette technique consiste à faire des petits bonds saccadés en contact avec le fond, sur les plateaux rocheux ou sablonneux en eaux profondes ou peu profondes.
Il imite à merveille une écrevisse, un gobie ou un petit poisson qui se nourrit sur le fond. Le leurre Coffee Tube de la compagnie Strike King est un incontournable.
Bien que le choix des couleurs pour les leurres ne soit pas une science exacte, je vous donne quelques conseils. Le principe de base est d’essayer d’imiter les proies des poissons que vous ciblez. En eaux claires, préconisez les teintes naturelles.
Par exemple, si vous pêchez l’achigan à petite bouche dans la partie des eaux limpides du fleuve Saint-Laurent, optez pour une imitation d’un gobie à taches noires.
À l’inverse, dans des eaux turbides, les coloris voyants tels que la chartreuse, l’orange et le rose font souvent une différence. Ils peuvent également être un atout lors des journées nuageuses, en eaux teintées ou non.
Nonobstant toutes ces astuces, il est nécessaire de pêcher aux bons endroits puisqu’en moyenne, moins de 20 % de la superficie d’un plan d’eau contient des poissons.
Finalement, prenez le temps de pratiquer vos techniques. Croyez-moi, il m’a fallu une dizaine d’années avant de maîtriser la pêche au Tube et au Drop Shot.
Tous les leurres mentionnés sont offerts chez SAIL et autres détaillants d’équipements de pêche.