Comment se mettre à l’abri d’une submersion ?
25 juillet 2023
Entrevue avec Louis Gosselin, évaluateur et expert maritime.
Par Perrine Mertens
Cette année, le nombre de submersions a augmenté plus que jamais. Voici quelques conseils d’un expert en la matière, pour éviter le drame, ainsi que la marche à suivre au cas où, malheureusement, vous retrouveriez votre cher bateau au fond de l’eau.
Louis, une submersion, ça arrive quand et pourquoi ?
On parle principalement de bateaux à moteur. Il est plutôt rare qu’un voilier coule à pic. Dans 75 % des cas, c’est une question d’entretien. Le reste du temps, il s’agit d’embarcations qui ont frappé le fond ou qui ont rencontré un problème lors de la mise à l’eau.
L’entretien, on fait ça quand ? Et on vérifie quoi ?
L’entretien d’une embarcation, c’est tous les ans. Idéalement au printemps, avant de commencer la saison de navigation, mais certaines marinas proposent aussi de le réaliser à l’automne, avant l’hivernation. L’important, c’est de le faire.
Quoi qu’il en soit, il faut contrôler l’état du soufflet (le bellows, pardonnez l’anglicisme) du câble d’embrayage. Le soufflet est le garant de l’étanchéité entre le pied et la coque. C’est un petit caoutchouc qui a tendance à sécher, et donc à perdre en élasticité et à déchirer. Il se change toutes les 300 h, idéalement. S’il n’est plus étanche, l’eau peut s’infiltrer par le soufflet, remplir la coque et faire couler un bateau en peu de temps. Vous seriez étonné du nombre de submersions causées par un bellows trop vieux.
Bien qu’il s’agisse d’une petite pièce, il faut, en général, compter environ 2 500 $ pour son remplacement en raison de la main-d’œuvre requise.
Que regarder lors de la mise à l’eau ?
À chaque mise à l’eau, et d’autant plus à la toute première mise à l’eau après l’hiver, il est essentiel de prendre son temps ! Il faut ouvrir le panneau de moteur et vérifier la présence d’infiltrations d’eau, les soupapes et la tuyauterie des passe-coques sous la flottaison, et s’assurer que le bouchon de drain est en place.
L’eau présente dans les soupapes avant l’hivernation va se transformer en glace dès la chute des températures et éventuellement engendrer des fissures au niveau de la soupape. Un peu d’humidité peut vite devenir synonyme de gros problèmes.
Une autre astuce toute simple pour déceler une infiltration d’eau : avant de lâcher le bateau dans l’eau, on ouvre le panneau de moteur, on observe et on écoute. Une fuite, ça peut s’entendre.
Une fois sur l’eau, comment rester à flot ?
Une bonne façon d’éviter la catastrophe, c’est de s’assurer que la batterie est bien chargée et que la pompe automatique de cale est fonctionnelle lorsque le bateau est amarré au quai. Par précaution, il peut être judicieux d’ajouter un chargeur. C’est d’autant plus crucial si on laisse son bateau au chalet et que l’on part pour une semaine ou plus.
Si on frappe une roche ou un haut-fond, on prend le temps de s’arrêter et d’examiner l’étendue des dégâts ainsi que la présence d’une infiltration d’eau avant de reprendre les activités. Si possible, après un choc violent, il est conseillé de sortir le bateau de l’eau pour une inspection plus approfondie. C’est aussi élémentaire qu’important.
En fin de journée, bien sûr, on n’oublie pas de faire le tour de vérification du bateau avant de le laisser à la marina pour la nuit. Si, pour une raison ou pour une autre, celui-ci est branché au réseau d’eau potable de la ville, il faut également fermer le robinet du quai avant de partir. Une trop grande différence de pression dans le boyau pourrait être la source d’une fuite non décelée, et donc d’une submersion en votre absence.
Et si, malheureusement, le bateau prend l’eau, que faire ?
Si on arrive à temps sur place et que le bateau est en train de couler, on essaye d’évacuer l’eau à bord à l’aide de pompes externes, par exemple, et si possible de le remonter à terre. Ensuite, il faut immédiatement appeler un réparateur afin de limiter les dégâts. Celui-ci va vider l’eau du moteur et le redémarrer, faire plusieurs changements d’huile et enlever toute l’eau du système. Cette deuxième étape est cruciale.
Si le bateau est déjà au fond de l’eau, l’urgence n’est évidemment pas la même… Toutefois, on appelle son réparateur, ou le réparateur le plus proche, en fonction de l’endroit où on se trouve.
Un dernier conseil pour les membres du Club APRIL Marine ?
Les plaisanciers forment une grande communauté. Si vous vous promenez au bord de l’eau et que votre regard est attiré par une embarcation qui semble être en train de prendre l’eau, adressez-vous sans tarder à la marina. Grâce à ce geste, vous pouvez sauver un bateau et épargner bien des ennuis à un confrère passionné de plaisance. Un bateau qui coule, ça se voit !