Environnement

L’importance de la cohabitation pour la préservation de nos plans d’eau

    

Par Myriam Bergeron, directrice générale et biologiste (M. Sc.), et Alexandra Déry, chargée de projets et biologiste (M. ATDR) chez Saumon Québec


Le territoire et les rivières appartiennent à tous : pêcheurs, baigneurs, kayakistes et entreprises. Il est donc important de prendre conscience de la grande variété des usagers et des différents règlements en vigueur afin de cohabiter de façon harmonieuse et de ne pas causer de préjudice à l’environnement, autant la faune que la flore, par nos comportements d’utilisateurs plaisanciers.

Connaître la réglementation

Avant de fréquenter un nouveau plan d’eau, que ce soit une rivière ou un lac, il est de la responsabilité du visiteur de s’informer sur la réglementation en vigueur, que ce soit pour le type d’embarcation permis, les activités autorisées, la présence d’espèces vulnérables ou les règles de conduite entre les usagers. Un droit d’accès quotidien (enregistrement) est parfois obligatoire pour la descente en embarcation ou pour profiter des lieux (randonnées pédestres). Cet argent sert à l’entretien des lieux et à la bonne gestion du territoire.

Lorsque l’on retrouve des infrastructures comme des pavillons et des tables à pique-nique sur le bord d’une rivière à saumon, et que ces endroits ne sont pas désignés comme des parcs officiels, ce sont des aménagements qui appartiennent à la zone d’exploi-tation contrôlée (zec) et qui ont été payés par leur fonds et dont l’entretien leur revient également. Bien qu’elles aient été installées pour les pêcheurs, il est possible de les partager lorsqu’elles ne sont pas utilisées, mais cela doit être fait dans le respect, sans endommager les biens. De plus, il est possible que ces installations soient sur des terrains privés, dont la zec détient des droits de passage et d’utilisation.

Concernant la baignade dans les rivières à saumon du Québec, elle est interdite là où une signalisation est affichée, et permise ailleurs. C’est souvent le cas au niveau des fosses à saumon. On peut comprendre le malaise des pêcheurs qui pratiquent leur activité lorsqu’un groupe de canots descend la rivière ou encore qu’un groupe de baigneurs festifs se la coule douce directement dans une fosse. Pour éviter ce genre de situations, il est important de se référer au bureau de la zec afin de vérifier les utilisations permises pour chacune des sections de la rivière.

©Photo: GettyImages

Malgré des règles de cohabitation différentes sur chaque rivière, il demeure que certaines activités sont interdites, comme passer en véhicule dans une rivière, que ce soit en véhicule tout-terrain ou en camion. En fait, les protections accordées à l’habitat du poisson se trouvent dans le règlement sur les habitats fauniques (RLRQ, chapitre C-611, r.18) qui découle de la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune. Il est donc totalement interdit de circuler en véhicule motorisé dans l’habitat du poisson, ce qui inclut toute la zone comprise à  l’intérieur de la ligne naturelle des hautes eaux. Donc, le  fait qu’une personne traverse cette zone ou s’y stationne même temporairement pour débarquer une embarcation, est considéré comme une infraction.

Il est également interdit de construire toute structure qui pourrait empêcher la libre circulation du poisson ou encore modifier son habitat (enrochement, remblayage, ajout de gravier, barrage). Bien que cela ne nous semble pas avoir un impact, chaque petite action a un effet cumulatif qui peut devenir très dommageable sur le long terme. Lorsqu’on analyse une rivière à saumon, les habitats ne sont pas tous utilisés par les mêmes poissons, et ils ne le sont pas à toutes les périodes de l’année. En effet, les saumons se déplacent beaucoup et vont utiliser chaque secteur selon des conditions spécifiques et des besoins qui leur sont propres. Entre autres, les refuges thermiques, les ruisseaux, les zones ombragées, les zones de repos sont tous des endroits utilisés par moments par les saumons adultes et juvéniles.

Respecter les autres plaisanciers

Le mot d’ordre que tous devraient se donner est respect. Il est tout aussi important que les pêcheurs puissent pratiquer leur activité dans la quiétude et que les autres usagers puissent profiter du territoire. Pour les plaisanciers en embarcations, à l’approche d’un pêcheur, il est important de se signaler et d’analyser visuellement la situation pour déterminer les différents passages possibles. Si le pêcheur donne des directives, il faut s’assurer de ralentir, de contrôler son embarcation et d’écouter le pêcheur. Autant que possible, on doit tenter d’éviter de donner des coups inutilement sur le fond de la rivière pour ne pas perturber la vie aquatique.

Rapporter ses déchets

Bien entendu, il est important de rapporter ses déchets. Malgré qu’il s’agisse d’un conseil de base, ça reste une problématique importante partout au Québec, et on ne parle pas seulement des bords de rivière. Que ce soit dans le stationnement ou le chemin d’accès qui permet de se rendre à son endroit préféré, la place des déchets se trouve dans les poubelles.

Nettoyer son embarcation

Finalement, il est aussi recommandé de bien nettoyer son embarcation et son équipement à la sortie d’un plan d’eau. Cela permet d’éviter d’introduire des espèces exotiques envahissantes (EEE) dans le prochain endroit qui sera visité. Les EEE comprennent une large gamme d’organismes vivants regroupant bien plus que des plantes. Elles comprennent des animaux terrestres ou aquatiques, des insectes et des microorganismes (virus, bactéries, champignons). Le terme EEE désigne en fait tout organisme vivant introduit hors de son aire de répartition naturelle, et dont son établissement et sa propagation peuvent devenir une menace pour l’environnement, la biodiversité, l’économie ou la société. On retrouve des EEE dans certains rivières ou lacs au Québec, et nous devons tous travailler ensemble pour freiner leur propagation. Le nettoyage est une manière facile, rapide et efficace pour protéger l’environnement et d’éviter de transporter ces espèces indésirables d’un endroit à l’autre.

En somme, la protection de la faune et la cohabitation des différents utilisateurs des rivières peuvent se faire de façon simple pour tous. Le plus important reste de s’informer sur chacun des plans d’eau qu’on visite et le respect des autres usagers et l’écosystème.

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