Conseils pour entretenir son embarcation
12 octobre 2016
Par Nicolas Gibault, Expert maritime
Mollusques, algues, corrosion, gel, soleil, etc. Notre embarcation reflète nos habitudes et la manière dont nous l’entretenons.
Cet article vous propose 5 conseils utiles pour prendre soin de votre embarcation, mais veuillez toujours vous référer à votre guide d’entretien. Si vous avez des questions, n’hésitez pas à faire appel à un professionnel.
Les passes coques
Les passes coques qui se trouvent sous la ligne de flottaison sont munis de valves communément appelées « Ball valves ». Celles-ci étant au niveau de la partie immergée de l’embarcation, des coquillages peuvent pénétrer jusque dans le tuyau et bloquer le fonctionnement de la valve. Il est nécessaire de les actionner souvent afin d’empêcher le développement de mollusques et d’algues.
Une fois par année, les valves doivent être démontées, nettoyées, lubrifiées puis elles doivent être remises en place sur l’embarcation. Cela permet aussi de vérifier l’état du passe coque et d’assurer son étanchéité. Pour les valves en composite (ex. Marlon) des lubrifiants spécifiques sont requis. Si vous devez remplacer une valve ou les adaptateurs, vérifiez que le matériel est approuvé et de grade marine (pas de PVC ni de nylon ou d’ABS). Les valves en bronze de grade marine doivent comporter la référence CR « Corrosion Resistant ». De plus, il est très important de ne pas mélanger les métaux. Le risque serait de créer de la corrosion galvanique et de détruire la valve ou le passe-coque.
En démontant vos passes coque vous allez en même temps pouvoir vérifier l’état de la tuyauterie et des collets. Ils doivent tous être doublés à moins de 6″ sur la ligne de flottaison.
L’antifouling
Chaque saison, beaucoup de plaisanciers refont leur peinture antifouling. Certains retirent la précédente et d’autres ajoutent une couche supplémentaire. Dans les 2 cas, il est bon de savoir que cette peinture n’est en rien une barrière contre l’osmose, car cette peinture poreuse et ablative n’est en aucune façon une protection contre l’humidité.
Dans le cas d’un sablage, il est important si votre bateau est doté d’une barrière anti-osmose (interprotec ou autre) de refaire une couche, car le grain du papier pourrait faire des rayures ce qui limitera la protection avant de refaire votre peinture antisalissure. Dans le cas d’ajout de couche sur celle qui est existante, un léger sablage est nécessaire. Il ne faut pas ajouter d’épaisseur supplémentaire.
Pour les bateaux ayant un antifouling semi-ablatif (VC17 par exemple) il n’est pas nécessaire de refaire le carénage chaque saison. À refaire uniquement lorsque les algues adhèrent à la coque. Les antifouling sont souvent fragiles aux UV et cette peinture ne doit pas être appliquée trop longtemps avant la mise à l’eau (environ 48 h).
Le gelcoat
Le gelcoat est la protection de votre bateau en ce qui a trait à l’étanchéité. S’il est endommagé, l’humidité pourra se propager dans la fibre de verre et le phénomène provenant du gel et du dégel l’hiver aura pour effet de délaminage des couches successives de fibre de verre. Il est important (surtout pour les bateaux à moteur) de vérifier périodiquement qu’il n’est pas abimé au niveau de l’étrave.
Le gelcoat est souvent endommagé au niveau de la coque. En voici les principales causes et quelques petits gestes pour minimiser les dégâts :
- Les remorques (mettre du tapis sur les traverses)
- Les échouages (si possible, mettre une protection sur l’étrave)
- Les quais (une défense de quai peut aider)
- Au niveau du pont, nous trouvons souvent ce que l’on appelle communément des « spiders ». Ces petites fissures proviennent principalement d’une surépaisseur de gelcoat. Cette dernière diminue son élasticité et craque ainsi sous l’effet du soleil. Avec une cire marine, l’eau ne pénètre pas jusqu’à la fibre de verre, à condition de le faire fréquemment et de ne pas laver ces endroits avec une machine à haute pression.
La pose et l’entretien d’accastillage
Référez-vous toujours à la notice pour la pose de nouveaux équipements. 95 % des ponts de bateaux sont fait en sandwich de fibre de verre (balsa, mousse ou ctp). Structurellement, ils ne sont pas faits pour être écrasés par la pression exercée par les vis et les écrous (même en répartissant la charge avec une plaque ou une grosse rondelle). Lors du perçage, il faut enlever environ 5 mm de matériel entre les couches de fibre de verre (l’âme) et les remplacer par de la résine époxy afin d’avoir assez de solidité pour serrer les équipements sans déformer ni fissurer la fibre. Par exemple pour la pose de bouton pression : vissez la vis une première fois puis retirez-la et remplissez le petit trou avec un scellant marin puis remettez le bouton en place. Cela va vous assurer une bonne étanchéité. Si votre bateau est neuf, vous pouvez aussi enlever les vis et les sceller à nouveau (plusieurs fabricants ne le font pas et votre investissement risque de perdre beaucoup de valeur dans les premières années).
Les ventilateurs de cales
Les ventilateurs de cales « blower » sont là pour assurer une extraction des vapeurs d’essence. Ils doivent être mis en fonction en tout temps. S’ils deviennent bruyants au démarrage, cela signifie que les roulements sont défectueux, ils doivent donc être remplacés. Il s’agit d’équipement peu dispendieux, mais ayant une durée de vie limitée. De plus, la tuyauterie d’extraction ne doit pas comporter de coude trop serré afin de ne pas faire de restriction. L’extraction se fait par le tuyau le plus bas dans la cale, quant à l’arrivée d’air frais, elle doit être plus haute (les vapeurs de carburant sont plus lourdes que l’air). Le calcul de la puissance d’extraction correspond au volume d’air dans le compartiment et ne doit en aucun cas être modifié par un plus petit ventilateur.